De la stigmergie pour aiguillonner le travailleur

Fév 18th, 2014 | Par | Catégorie * vocabulaire, Billet

boileau.proL’oeuvre stimulante

La stigmergie. Un mot français, pas un anglicisme.
Un mot peu connu pour un concept captivant. Le mot du mois.

La stigmergie. C’est le nom donné, en 1959, par le biologiste Pierre-Paul Grassé au phénomène de la stimulation des travailleurs par l’œuvre qu’ils réalisent.
Au fur et à mesure qu’ils construisent leur oeuvre, celle-ci guide leur travail et leur action. Sans leader, sans véritable supervision.

Stigmergie, l’oeuvre stimulante. Le mot est formé à partir de stigma στίγμα, la piqûre en grec, et ergo ἔργον, le travail, l’oeuvre.

La stigmergie est un concept né de l’observation des insectes sociaux, les termites, les abeilles, les fourmis.
Les termites, par exemple, construisent des structures de terre complexes et de grande taille – dont des couloirs hélicoïdaux – selon un processus stigmergique : la collaboration, des règles simples et pas de plan d’ensemble préalable .
La reine des fourmis, elle non plus,  n’a ni vision ni projet global. Et pourtant la fourmilière vit et se développe. Cela à l’aide d’interactions et de stimuli : ainsi, les phéromones que laisse, sur le chemin de retour à la fourmilière, une fourmi ayant trouvé de la nourriture. Cette substance olfactive communique le trajet à suivre aux autres membres de la colonie.
Bref, chez ces insectes, la coordination existe, les activités s’organisent.  Cette auto-organisation constitue une forme de gouvernance : la stigmergie.

boileau, on s’en fiche des fourmis !

Encore trois minutes d’attention. C’est quand même neuf, non ?!

Dans le monde du travail, le modèle hiérarchique et compétitif est le plus fréquent : le travail est partagé par la hiérarchie. Celle-ci assure ou délègue des tâches de supervision et de coordination. Ce modèle est coûteux : contrôles, initiative bridée… De plus, La compétition crée des redondance, ralentit et gâche des ressources (…). La compétition nécessite aussi du secret.

Un deuxième modèle est le modèle par coopération. Il n’est viable que dans des groupes restreints. Il est coûteux en temps et ressources à discuter et à discuter les discussions. Dans le modèle hiérarchique, un individu contrôle le groupe, ici le groupe contrôle l’individu.

La stimergie est un autre modèle de gouvernance et d’organisation. Inspiré du modèle de coordination des insectes sociaux, il repose sur la collaboration et l’initiative. Aucun individu n’a besoin de permission (modèle compétitif) ou de consensus (modèle coopératif) pour proposer une idée ou initier un projet. Les travailleurs ont une autonomie complète pour créer comme ils le souhaitent ; le pouvoir du groupe d’utilisateurs réside dans sa capacité à accepter ou rejeter le travail. Ce modèle fonctionne dans les grands groupes. Wikipédia, quoi qu’on en pense, serait un exemple d’organisation stigmergique ; les logiciels Open Source, également.

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Et les robots aussi !

Les robots assembleurs de Justin Werfel (Université Harvard) se comportent comme des insectes sociaux. Ils sont conçus pour construire des structures complexes. A partir de règles simples et en collaboration. Le journal Le Monde en présente une vidéo.
L’avenir sera, de ce côté, fascinant. 

 

Vaste sujet en friche que la stigmergie. Pour en savoir plus :

– sur le système stigmergique et les fourmis :  La Vie est Stigmergie
– sur les modes d’organisation hiérarchique, coopératif et stigmergique :  La stigmergie : un nouveau modèle de gouvernance collaborative  et en anglais Stigmergy

Ce qui n’a pas de nom n’existe pas. Élargir notre vocabulaire, c’est étendre notre compréhension du monde et des autres.

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photo : © eb

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2 commentaires to “De la stigmergie pour aiguillonner le travailleur”

  1. Fbaudoux dit :

    Vraiment intéressant.Je relaye à des amis.

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