Principe de pertinence

Juil 8th, 2011 | Par | Catégorie MàJ, Notes & notions

Information et communication ne sont pas un ensemble de trucs et  ficelles. Liées à la linguistique, l’anthropologie, la psychologie, la cybernétique…, elles font l’objet de recherches et d’expérimentation. Les chercheurs en ces sciences ne sont pas exactement des guignols.

Principe de pertinence

Une information pertinente, qu’est-ce donc ? Une information cohérente, une information de qualité ? Une information précise et détaillée ? Pas exactement.
Dan Sperber et Deirdre Wilson * expliquent ainsi la pertinence. On s’accroche, les corollaires en sont intéressants.

Le traitement de l’information par les êtres humains leur demande un certain effort mental et produit en eux un certain effet cognitif. L’effort demandé est un certain effort d’attention, de mémoire et de raisonnement. L’effet produit consiste en une certaine modification de croyances de l’individu : l’addition de nouvelles croyances, l’élimination de croyances antérieures ou simplement un affaiblissement ou un renforcement de croyances antérieures.

2 corollaires au principe de pertinence 

Deux corollaires, essentiels quand on écrit pour être lu :
a) (…) plus grand est l’effet cognitif produit par le traitement d’une information donnée, plus grande sera la pertinence de cette information pour l’individu qui l’a traitée.
b) (…) plus grand est l’effort requis par le traitement d’une information donnée, moins grande sera la pertinence de cette information pour l’individu qui l’a traitée.

Autrement dit, une règle : plus un énoncé oral ou écrit produit d’effets, plus il est pertinent. Mais plus cet énoncé demande d’efforts de compréhension, moins il l’est.
Un énoncé sera d’autant plus pertinent qu’avec peu d’efforts, le destinataire enrichit ou modifie le plus ses connaissances ou ses conceptions.

Un exemple ?

Un bulletin météo sur la Manche
Situation générale et évolution le vendredi 08 juillet 2011 à 00 H UTC. (…) Dépression secondaire 1008 hPa à 200 milles au nord-ouest du cap Finisterre se décale vers le nord-est, prévue dans le golfe de Gascogne vers 12h UTC, sur le nord de la France ce soir à 00h UTC, puis s’évacue vers le nord-est en se comblant.

  • C’est vendredi. Si le we est ensoleillé, ma compagne et moi partons à la côte, à Deauville.
    Je lis et ne comprend pas ce bulletin de météo marine. Trop d’efforts requis, et je ne suis pas expert.
    Ne comprenant rien, je ne sais que faire.
    La pertinence de ce bulletin de météo marine est nulle pour moi.
  • Je fais de la voile. Je maîtrise la lecture de la météo marine. Est-ce que je traverse la Manche ce we ?
    Oui, mais cela va secouer : larguons les amarres au plus tôt.
    Ce même bulletin météo m’est très pertinent.

Il apparaît aussi que
– l’effort requis est variable selon le destinataire ;
– l’effet produit est fonction du contexte d’énonciation : dans 2 jours, ce bulletin météo n’en produira plus et il est déjà sans effet pour un bûcheron ardennais.

Bref

On retient le principe de pertinence  :
plus un énoncé oral ou écrit produit d’effets, plus il est pertinent. Mais plus cet énoncé demande d’efforts de compréhension, moins il l’est.

Cet article est-il pertinent ? Oui, si je l’ai lu sans trop d’efforts, si j’ai compris le principe de pertinence et si j’ajuste ma façon d’écrire.
Ecrire design, c’est appliquer le principe de pertinence.

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photo : © eb 
<clic> et la photo est plus belle.
* Sperber, D. & Wilson, D. (1989), La Pertinence. Communication et  cognition, Paris, Minuit.
Repris, par exemple, in Introduction aux théories de la communication
Jean-Pierre Meunier, Daniel Péraya. Editions De Boeck Université 2004
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