De l’art de formuler une question de référendum

Nov 5th, 2011 | Par | Catégorie Opinion

Lundi 31 octobre, M. Papandréou annonçait un référendum : ce n’est pas le moment de vous donner la formulation exacte mais l’essence est que ce n’est pas seulement une question sur un programme, c’est la question de savoir si nous voulons ou pas rester dans la zone euro. C’est très clair, et cela doit l’être pour tout le monde.
L’Europe et les marchés se sont affolés : c’était 4 jours après le plan d’aide conclu à Bruxelles pour réduire la dette grecque.
Ce vendredi 4, le projet de référendum est abandonné.

Par curiosité linguistique, il aurait été intéressant de lire les termes exacts de la question à poser au peuple grec. Qui l’a vue, la question ?

Une question référendaire se signale par

  • La clarté
    France 09.2000 : Approuvez-vous le projet de loi constitutionnelle fixant la durée du mandat du Président de la République à cinq ans ? (Oui : 73 %)
    Pour éviter les maux de tête, pas question de dire : Ne pensez-vous pas que la durée du mandat du Président de la République ne doit pas être de 7 ans mais plutôt de 5 ?

  • La concision
    Contre exemple historique : Québec Mai 1980
    Le Gouvernement du Québec a fait connaître sa proposition d’en arriver, avec le reste du Canada, à une nouvelle entente fondée sur le principe de l’égalité des peuples ; cette entente permettrait au Québec d’acquérir le pouvoir exclusif de faire ses lois, de percevoir ses impôts et d’établir ses relations extérieures, ce qui est la souveraineté, et, en même temps, de maintenir avec le Canada une association économique comportant l’utilisation de la même monnaie ; aucun changement de statut politique résultant de ces négociations ne sera réalisé sans l’accord de la population lors d’un autre référendum ; en conséquence, accordez-vous au Gouvernement du Québec le mandat de négocier l’entente proposée entre le Québec et le Canada ?
    (Non : 58 %. On peut comprendre…)
  • La référence à son cadre légal
    09.1992 : Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple français par le Président de la République autorisant la ratification du traité sur l’Union Européenne ?
    (Oui : 51%)
  • Sa neutralité, apparente : la question est souvent tournée de façon à privilégier le Oui.

La question du référendum grec, après des semaines d’arguties, aurait-elle été du style : Approuvez-vous, avec les mesures fiscales et sociales que cela nécessite jusqu’en 2025, le maintien de la Grèce dans la zone Euro ?

En bonne maîtrise de la communication, avant l’annonce d’un référendum, il eût sans doute fallu formuler avec précision la question à poser.
Cristallisée, la question serait alors apparue encore plus irrecevable que l’idée du référendum : le risque du NON trop élevé. L’une et l’autre auraient sans doute été abandonnées illico : économie d’une humiliation pour M. Papandreou et  le calme, le 1er novembre, pour honorer nos morts.

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crédit photo : http://www.t3kr0m.fr/2011/05/09/europe-lexemple-grec/
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5 commentaires to “De l’art de formuler une question de référendum”

  1. Agnès dit :

    Ou alors, la proposition de L’ornithorynque volant (c.f. Facebok : http://www.facebook.com/Ornithorynquevolant) :
    “Le plus simple ne serait il pas que les grecs fassent un référendum pour décider s’ils vont faire un référendum?”

    🙂

  2. JB Burrion dit :

    C’est assez bien vu, je dois dire, dans le genre “on voit de suite plus clair avec le contenu quand on a d’abord défini le contenant”. Mais qu’est ce que c’est que cette casquette sur ta tête ?

  3. Cloé dit :

    Merci pour l’article.
    Petite précision issue de wikipedia :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAte_des_morts
    En Belgique, en France, au Luxembourg, le jour des morts est le 2 novembre dans les faits, mais le 2 novembre n’est pas un jour férié, alors que le 1er novembre (jour de la Toussaint) en est un. C’est donc plutôt le 1er novembre que les citoyens se consacrent à la visite des tombes de leurs proches, d’où une confusion fréquente entre la Toussaint et la commémoration des défunts. Il est courant de fleurir la tombe avec un pot de chrysanthèmes, la fleur la plus achetée ce jour-là.

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