Bâtisseurs de cathédrale et sciences cognitives : l’empan

Juil 18th, 2011 | Par | Catégorie MàJ, Notes & notions

Empan ?

Ecartez bien les doigts de votre main. Merci !  La distance entre le bout  de votre pouce et celui de votre index – environ 20 cm -,  comment s’appelle-t-elle ? Ding …. ding …
C’est l’empan.
L’empan est une unité de mesure ancienne, utilisée par exemple par les bâtisseurs de cathédrale.

L’empan reprend cours, en sciences cognitives. Il est utilisé maintenant comme mesure de la capacité de la mémoire à court terme : l’empan mnésique.
Votre empan mnésique est équivalent au nombre de mots ou chiffres que vous êtes capable de restituer, dans l’ordre et sans attendre, après qu’ils aient été énumérés par un tiers.
L’empan mnésique moyen est de 7 éléments, avec une variation de ± 2   (*)
Pas terrible …

Empan mnésique et empan visuel

Une autre notion intéressante est celle d’empan visuel.
Notre œil parcourt un texte par saccades. Entre 2 saccades, il y a fixation : 250 ms durant lesquelles sont extraites les informations du texte. L’empan visuel est le nombre de lettres visualisées et reconnues par l’œil en une unique fixation, entre 2 saccades.
Chiffre étonnant : la capacité de reconnaître, en une fixation, un mot de  7 lettres est d’environ 90 %. Elle chute à 68% pour les mots de 11 lettres.
Comme le dit un Alain Lieury  L’élargissement de l’empan visuel relève de ces projets dont il est préférable de débattre directement avec le Créateur. (…) nous ne sommes pas les mieux placés pour entreprendre ce genre de négociation.

Heureusement, toutes les lettres d’un mot ne doivent pas être reconnues par le lecteur : pour combler les vides, son cerveau fait appel à son fonds lexical. Ainsi des mots de 7 ou 11 lettres fréquemment utilisés sont reconnus quasi à 100 % en une unique fixation. Cependant, le taux de reconnaissance chute pour les mots de « basse fréquence (ex. : électrique <> éclectique). Dans ce cas, l’oeil est contraint à une saccade de régression pour une nouvelle fixation du mot étrange.

Et ce n’est pas fini : empan de lecture

Une autre notion actuellement explorée est celle d’empan de lecture. Cet empan mesure la capacité de la mémoire de travail, utilisée, par exemple, pour l’analyse de la syntaxe de la phrase.

Mais laissons là : un article comme celui-ci ne peut qu’évoquer la complexité du réel, tout en évitant toute pensée simplificatrice et mutilante.

Cathédrale, empan. Et le rapport avec l’écriture professionnelle, l’écriture cristalline ?
La concision ! des mots courts, des mots connus, des phrases courtes et  de construction simple.

Tenez compte de l’empan : demandez peu d’efforts : vous serez lu et compris. 

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photo : © eb 
<clic> et la photo est plus belle.

* George A. Miller (1956), The Magical Number Seven, Plus or Minus Two
Voir :
La Lecture: processus, apprentissage, troubles
 Pierre Lecocq, faisant référence aux travaux de Townsend Taylor & Brown

L’Empan de lecture comme épreuve mesurant la capacité de mémoire de travail : normes basées sur une population francophone de 775 adultes jeunes et âgés

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1 commentaire to “Bâtisseurs de cathédrale et sciences cognitives : l’empan”

  1. L’intérêt de la comparaisons des empans, c’est qu’ils ne correspondent pas à la même chose. Les sept (ou neuf) mots de l’empan mnémique ou mnésique sont des mots de test, c’est-à-dire des mots différents, et sans rapports les uns avec les autres.

    C’est pourquoi la lecture permet d’embrasser des segments beaucoup plus larges (= longs).. Et dans une lecture intelligente, l’empan passé n’est pas évacué s’il comporte un facteur d’expectative, comme un verbe exigeant un complément.. Si nous nous comprenons à demi-mot dans une conversation, il nous faut tous les mots dans une lecture.

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