Dérives

Une recherche avec Google : nous consultons de préférence les résultats affichés en tête de liste, sur la première page.
Le référencement en première page est royal pour les développeurs de sites : audience assurée, visibilité commerciale accrue, promotion facilitée. La maîtrise des techniques d’amélioration du référencement (SEO) en est devenu un métier et un sujet de publications.
Des dérives sont apparues : plutôt que de viser la satisfaction des internautes, des sociétés et des techniciens du référencement visent celle des moteurs de recherche. Pour un classement sur cette première page, ces spécialistes bourrent les pages de mots-clés, répètent et dupliquent du contenu, multiplient les liens.

Poules et lapins

Sont ainsi nées des fermes de contenu. Dans ces fermes, on détecte, par algorithmes, les requêtes fréquentes des internautes (comment perdre mon bedon en une semaine ?). Est évalué ensuite le prix que payeraient des annonceurs pour apparaître sur les pages qui répondraient à celles-ci. Des pigistes, comme des poules en batterie, pondent alors des pages et des pages satisfaisant ces requêtes. Ces pages, pauvres en contenu mais gonflées aux mots-clés, sont poussées aux premières places des résultats. Les internautes, comme des lapins, sont ainsi rabattus vers les annonceurs et sites commerciaux mentionnés sur ces pages.  “Maximiser l’audience, la monétisation suivra” : plus la page est lue, plus le prix pour y figurer comme annonceur sera élevé.

Halte aux médiocres

La médiocrité a ainsi envahi la Toile. Des résultats de piètre qualité, nous détestons cela : notre temps et notre attention sont limités.
Et notre irritation, au lieu de la diriger vers ces producteurs de spam et de vacuité, nous la tournons vers Google. Sa réputation s’érode.
Google l’a bien compris : la croissance de son chiffre d’affaires passe par notre contentement et sa réputation de pertinence. Le contenu doit être roi !
C’est pourquoi, Google fait évoluer son moteur de recherche. L’objectif : en réponse à leurs requêtes et leurs exigences, orienter les internautes vers les sites proposant du contenu de qualité.

Panda cruel

En 2011, Google Panda – une importante mise à jour du moteur de recherche – a fait trembler les éditeurs de site.
– Tel site est-il peu utile, duplique-t-il du contenu ou mentionne-t-il trop de liens commerciaux ? Il est désormais pénalisé et relégué en queue de peloton.
– Tel site pourrit-il vos requêtes ? Ses pages sont-elles sans intérêt ? Chaque utilisateur peut décider de l’exclure de ses résultats.
Par contre si vous produisez du contenu pertinent, des pages originales, des analyses ou des enquêtes, alors votre site bénéficie désormais d’un bonus de classement.

Grand chambardement

Google Panda fait mal :  Les résultats des requêtes sont bouleversés  au profit des sites proposant du contenu unique (lisible sur un seul et unique site). En une semaine, des  agrégateurs ou des fermes de contenus, des comparateurs de prix ont vu leur audience chuter de plus de 50 %.  Pour les proies de Google Panda, parfois des innocents victimes de dégâts collatéraux, c’est une catastrophe numérique. Certains estiment néanmoins que Google abuse de sa position dominante.

En 2012, cette promotion du contenu roi se poursuit : voici, Mesdames, Messieurs, Goggle Penguin !
Il sanctionne et il récompense :
– Vous visitez une deuxième page sur un site ? Voilà désormais un signe de sa qualité. Le moteur en tiendra compte pour mieux le référencer.
– Un site est-il régulièrement mis à jour, sa fraîcheur est-elle maintenue par de nouveaux articles ? Voilà encore un critère de qualité favorisant le classement.

T’as qu’à être gentil !

Consacrer son énergie aux techniques de référencement plutôt qu’au contenu est donc maintenant pénalisé.
Les nouvelles règles édictées par Google chamboulent le classement des résultats : en août 2011, elles modifiaient 12% des résultats de recherche. La dernière mise à jour influencera, selon Google, 35% des requêtes.
Comme le dit Matt Cutts, qui pilote la lutte de Google contre le  pourriel sur la Toile : « Nous voulons aussi que les « gentils » qui font des sites géniaux pour les utilisateurs – et pas uniquement pour les algorithmes – voient leurs efforts récompensés. »

Que l’accent soit mis sur la qualité et l’originalité du contenu est conforme aux intérêts de l’internaute : économie de l’attention, respect du lecteur et de son temps… Mais une inquiétude : ce Google qui, selon son bon vouloir, édicte et révise ses règles de diffusion de l’information : régulateur ou justicier ? Robin des Bois ? Comment se comportera-t-il dans 5 ans ?

Google, mi-ange et mi-démon. En fait, Google est un avatar du messianisme américain.

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Huffington Post publie un article clair à ce sujet.

photo : M.Irslinger T.- McCarty
Libray of Congress
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