Que cherches-tu à vendre en fait ?
Oct 18th, 2012 | Par boileau | Catégorie Hors catégorie ET à classerEn voilà une question !
D’Espagne, un lecteur écrit : « boileau, que cherches-tu à vendre en fait ? »
C’est une bonne question.
boileau ne vend rien. Je vous explique.
Economie du don
Nous sommes des dizaines de milliers à publier, avec régularité, des articles dans nos blogs : l’avocat spécialisé en droit immobilier, la femme sans emploi qui raconte sa débrouille, l’expert photo et ses articles de test, le thérapeute Zen… Dans cette jungle, nous partageons, pour la plupart, le souci de fournir du contenu de qualité. C’est en effet la condition de notre survie.
Des convictions nous animent : chacun sait quelque chose, nul ne sait tout ; je possède une connaissance, une expertise ; personne ne peut me l’enlever, je la diffuse donc sans crainte.
Toute cette activité, ces milliers d’heures de travail participent de l’économie du don, c’est-à-dire d’un système dans lequel les participants donnent pour le bénéfice de la communauté et sont rétribués en retour, d’une manière ou d’une autre, par l’abondance qu’ils génèrent pour le collectif. (1)
Tout un pan d’Internet fonctionne sur l’économie du don : Wikipédia, les logiciels dits libres, les réseaux sociaux, les blogs, les journaux…
Chasse à l’éléphant
Selon la logique de l’économie du don, partager mon expertise ne me prive de rien. Au contraire, j’y gagne.
Je satisfais, selon les cas, une volonté d’éthique et de justice, un besoin de reconnaissance, une envie de contacts, une quête de notoriété.
Après avoir consommé de l’information, je peux souhaiter en produire avec les outils du Web 2.0. Ou bien participer à la grande aventure du siècle : l’intelligence collective sur Internet : être un neurone de la Terre, une des cellules d’un cerveau en formation aux dimensions de la planète Terre.
Ces motivations sont saugrenues ? Ces idées farfelues et cette fraternité illusoire ? Peut-être. Mais ce n’est pas pire que de chasser l’éléphant ou faire du boucan en jet-ski sur l’océan.
Et les $ ou les € ?
L’économie du don, ce n’est pas le troc. En effet, je peux prendre sans donner ou ne rien recevoir de chacun des lecteurs tirant avantage de mes articles.
De plus, le don n’exclut pas à terme le profit. Par exemple, des logiciels sont mis à disposition sans frais – DropBox, Evernote, GMail… – . Sera payant un service privilégié (absence de publicité, augmentation d’espace disque…) fourni en sus. Tout comme You Tube demande à payer en temps d’attention les publicités introduisant les vidéos les plus vues.
De même, un blog est un service gratuit de diffusion d’expertise. Son auteur pourra néanmoins demander une rétribution pour un service personnalisé ou pour la mise en pratique des informations délivrées.
Le don devient ainsi une stratégie : offrir de l’information de qualité ou l’information demandée afin de créer une relation de confiance avec les bénéficiaires.
Des lecteurs satisfaits en amèneront d’autres. Il est plus aisé de fournir, à la demande, des services rétribués à des lecteurs déjà conquis. A un inconnu, ceux-ci préféreront toujours celui qu’ils ont appris à connaître et qui leur a prouvé sa valeur ajoutée.
Bon, d’accord. Et boileau ?
Dans la logique de l’économie du don, boileau veut partager son goût du mot juste et la magie de la clarté d’écriture.
Dans l’écrit, il prône aussi – le temps nous est à tous compté – la nécessité, éthique et économique, du respect du temps d’autrui.
Scribouiller, sans souci du lecteur, du charabia ou de la logorrhée, c’est irrespectueux et coûteux.
L’écriture cristalline est donc un impératif moral et économique.
C’est pourquoi boileau propose, dans son blog, des règles d’écriture cristalline. Il parle également d’autres choses plus légères afin de développer l’amour de la langue : pour ce qu’on aime on se contraint.
La rétribution du travail accompli ? Ce sont l’impression d’apporter ainsi sa pierre pour un monde plus juste et beau ; les commentaires, les messages de lecteurs disant se soucier davantage de leur écriture, ces mots ou ces quelques j’aime d’un peu partout.
Papa ? Le porc, il rentre ?
Bien entendu, l’auteur de boileau a des oiseaux à nourrir sur sa terrasse et des ados voraces : Papa, et le porc, il rentre ? (l’argent en jargon ado)
L’argent indispensable, il provient des conseils ou services en écriture privée ou professionnelle. Cela relève de boileau~services. Mais la promotion et la prestation de ces services sont à dissocier du présent blog boileau.pro.
Mis à part une mention, ce dernier n’en fait donc aucune publicité. Liberté à chacun de prendre contact.
Je tiens à cette règle. Les choses sont ainsi claires.
Ô lecteur d’Espagne, ai-je répondu à ta question ?
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(1) source : http://thetransitioner.org
Photo : extrait recadré de Visit the zoo (Library of Congress) Pennsylvania : WPA Federal Art Project, [1936 or 1937]
Poster designed by Hugh Stevenson, Philadelphia.