Comment il a réussi à soigner sa logorrhée

Août 5th, 2012 | Par | Catégorie Opinion

Comment soigner sa logorrhée ?

Ah ! la logorrhée… Qui ne souffre donc, à un moment ou l’autre, d’incontinence verbale ? Sacrée plaie pour qui nous lit ou nous écoute. Cette bouillie de mots suinte l’ennui.

Spectaculaire rémission

Un lecteur écrit avoir vécu une spectaculaire rémission de son mal. Durant ses vacances. Par la marche.

Cet été, j’effectue de longues randonnées. J’ai constaté qu’après quelques heures, écrasé par le soleil et la lourdeur de mon sac, ma logorrhée s’asséchait. 

Finies les lourdeurs de syntaxe et les flatulences de vocabulaire ! Je n’émettais plus que des vérités bien senties. Dans mon esprit, les mots reprenaient poids et fermeté :

– Je suis épuisé.
– L’eau de la rivière est fraîche.  
– Il fait bon à l’ombre.
– Onze kilomètres encore avant le village.
– Ce rosé est délicieux.
– J’ai dormi comme un bienheureux.
Ces courtes phrases, ces mots de tous les jours, mes compagnons les écoutaient. Impression de renouer avec le réel et concret.

Vous le savez :  rester assis derrière un bureau est mauvais pour la santé. Mais, il est aussi probable qu’une trop longue position assise favorise la logorrhée, la profusion d’adverbes et d’adjectifs, ainsi que les phrases anaconda.
Allons prendre l’air, marchons. En écrivant ensuite, nous en reviendrons à l’essentiel. La marche éclaircit notre pensée, le sport affine notre ligne d’écriture. Rien de tel contre la logorrhée.

Bref, un nouveau mot d’ordre : Pour bien écrire, lève-toi et marche !

Un autre lecteur raconte

Vendredi, je suis allé chercher mon fils retour de camp. Vingt jours physiques, soleil, sport et grand air. Une tempête hormonale était passée par là : tous ces scouts descendant de l’autocar faisaient jeunes mâles,  muscles fermes et voix gutturales.
Dans le silence, aux scouts rassemblés en carré pour conclure le camp, leur jeune chef a dit alors ceci, seulement ceci :

Tout est inscrit dans nos mémoires. Tout est dans les bras et les jambes. Tout est dans nos corps.  Tout ce qui a été vécu. 
Il n’y a donc rien à dire de plus.
Salut à vous. 

 

En effet, rien à dire de plus.
_____________________________________________________________________

photo : © eb 

Mots-clés ,

4 commentaires to “Comment il a réussi à soigner sa logorrhée”

  1. philippe dit :

    “Le lecteur se tue à abréger ce que l’auteur s’est tué à rallonger.” C’est de Montesquieu. J’ai trouvé cette belle citation en relisant les notes du professeur Luc Baugniet qui a donné en 2004 une formation pour l’Association belge de la presse d’entreprise. Il pense pareil le Luc ! Ecrire court veut dire écrire dense, on le sait. Luc Baugniet insiste notamment sur “le plein des sens” (joli, non ?). Je cite “Bien écrire, c’est donner à voir, à entendre, à palper, à goûter.” Et de citer une longue liste de mots relatifs à nos cinq sens. Un prochain thème à flairer par boileau ?

  2. Etienne B. dit :

    Je prends le thème ! Je le flaire durant les vacances et reviens dessus en septembre.

  3. J’étais à cette formation de Luc Baugniet et je m’en souviens encore moi aussi. Il y avait un fil rouge qui sous-tendait le discours, c’était “Ecrire, c’est choisir”. La sélection indispensable autant que douloureuse, l’angle, le point de vue. Tout se tient!

    • Etienne B. dit :

      Juste “Ecrire, c’est choisir”. Photographier aussi. Aimer aussi.
      Bon, je suis en vacances là. Je serai plus malin la prochaine fois. Merci de me suivre ainsi !

Donner un commentaire