Célestine, c’est ma copine

Célestine est une amie. Elle est peintre. Peintre de tableaux, huile et gouache… On aime ou pas ce qu’elle peint. Moi j’apprécie.
Célestine a l’intention de repeindre sa cuisine. Après avoir repeint sa chambre. Pas terrible, la chambre repeinte : coulées sur la porte, ombres sur les murs, joints murs et plafond tanguants… On peut le dire à Célestine : elle n’entend là aucune mise en cause d’elle-même, de ses talents de peintre (tableaux), de sa sensibilité et patati et patata.

Pour ma part, je n’ai aucun talent en peinture (de tableaux). Par contre, s’il s’agit de peindre des pièces d’habitation, vous pouvez venir : préparation des surfaces, techniques d’application, choix des peintures…

Célestine m’a donc demandé de lui apprendre à peindre (des murs). En échange d’un pastel. Durant toute l’explication, avec exercices, les ego étaient rangés au vestiaire et nous avions tous deux un encéphalogramme normal.

Les Gorges du Verdon

Alexandre est un ami d’enfance. Lui, il écrit : souvenirs et amours, la vie la mort. On peut aimer ou pas sa littérature, mais il a un style. Alexandre possède une maison perdue dans les Gorges du Verdon. J’avais l’intention de la lui louer. Il m’a donc envoyé un document expliquant le chemin d’accès, la mise en route de la piscine, etc. Je vous fais grâce du document, mais croyez-moi : long, confus, parfois emporté.
Quand Alexandre a entendu que ses explications écrites étaient peut-être un peu obscures… La scène, mon Dieu ! Tu ne vas pas m’apprendre à écrire. Pour qui tu te prends… Je sais m’exprimer. T’as qu’à mieux lire ou relire… Et les grands gestes !

Confusion mentale

Il y a peindre et peindre. Et il y a écrire et écrire. Deux paires d’homonymes. Pour le mot peindre, peu de confusion mentale. Par contre, pour le mot écrire… Bonne Mère !
Essayez donc de faire une remarque à autrui sur sa technique d’écriture (utilitaire, peinture de mur). Bien souvent, voilà la moue, l’encéphalogramme qui s’affole, l’ego blessé, le cursus scolaire détaillé. Le tout avec une condescendance proportionnelle au nombre de diplômes. Vous et vos propos êtes jugés suffisants. Pourtant 2 ou 3 adverbes en -ment, de 3 ou 4 syllabes, dans 5 phrases sur 8, c’est lourd, non ? Le lecteur du directeur, il va se moquer.
Épuisant ! Toujours cette fichue confusion entre écriture utilitaire et écriture littéraire.

Refaire les peintures

Et si nous nous disions une fois pour toutes que l’écriture utilitaire se distingue de la littérature et de l‘expression personnelle ? Tout comme on distingue faire de la peinture et refaire les peintures, un artiste peintre et une entreprise de peinture.
Toute susceptibilité alors écartée, l’expert, par exemple, quand il rédige pour le grand public, ne se prendrait plus pour un rédacteur expert. Il confierait, sans état d’âme, son texte à la relecture ou à la refonte.

Si, pour faire simple, nous nous disions que l’écriture de textes utilitaires s’apparente à la peinture en bâtiment ? C’est une technique et les techniques cela s’apprend.

Et on est bien d’accord : pas de dédain pour les professionnels. Quand le flanc de votre nouvelle voiture est rayée par un vandale, le peintre carrossier, on lui trouve du talent et du métier, non ?
Et l’utilitaire, le fonctionnel poussé à l’ultime simplicité, c’est le design, non ?

Il y a écrire et écrire : on se le fiche dans la tête ?  Très bien ! Merci. Sacrée avancée !

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photo : © eb 
<clic> et la photo est plus belle.   Costi, Grand peintre