Combien sommes-nous donc à parler le français ?

Les instruments de mesure et les concepts manquent de précision, néanmoins l’estimation est la suivante : nous sommes de 200 à 250 millions à parler le français. A le parler, à le lire et à le comprendre. Nous sommes des locuteurs de français.
Parmi les locuteurs de français, environ la moitié sont des locuteurs natifs : le français est leur langue maternelle, c’est-à-dire qu’il est la première langue qu’ils ont apprise dans le milieu familial immédiat et dont ils ont intériorisé les règles de grammaire. Un tiers sont des locuteurs partiels, c’est-à-dire que leur maîtrise du français est limitée. 

Il est francophone, il parle donc le français ?

Vous allez un peu vite là ! La question est simple, la réponse difficile. Comme nombre de concepts relatifs à la langue, les concepts  francophone et francophonie sont équivoques. Ils possèdent diverses définitions.

Pour le dictionnaire Larousse Linguistique & Sciences du langage, sont ainsi qualifiés de francophones
– soit des locuteurs dont le français est la langue maternelle ou la langue courante ;
– soit les individus qui relèvent d’un pays où le français est la langue officielle ou d’un Etat qui a choisi le français comme langue de communication internationale.
On conviendra que le comptage varie selon la définition choisie.

On parlera de francophonie pour désigner
– tantôt l’ensemble des régions où se trouvent rassemblées des populations ayant le  français comme langue maternelle ;
dans ce cas, ce sont, d’évidence, la France, le Québec, une partie de la Belgique, de la Suisse romande… mais aussi les communautés parlant français dans l’Ouest canadien, en Louisiane, dans les Caraïbes, les Antilles et l’océan Indien, en Océanie…
Cela représente environ 100 millions d’individus.
– tantôt  l’ensemble (des pays et) des locuteurs parlant le français ;
aux régions et pays cités ci-dessus, on ajoutera le Liban, les pays du Maghreb, les pays de l’Afrique de l’Ouest, etc. On atteint alors le total de 200 à 250 millions d’individus.

Et n’oublions pas la  Francophonie (F majuscule).  L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) regroupe 70 états et gouvernements ayant en partage l’usage de la langue française et le respect des valeurs universelles. Ce sont, hormis la France, la Belgique, le Québec… des pays comme la Thaïlande, les Emirats arabes unis, la Géorgie…
Dans son dernier rapport, l’OIF mentionne le chiffre de 200 millions de locuteurs de français. A ce chiffre, il faut ajouter  28 millions de locuteurs de pays hors Francophonie institutionnelle : Algérie, Etats-Unis, Autriche, Pologne…
L’OIF comptabilise aussi, pour la Francophonie, 870 millions d’individus – que son site nomme parfois francophones. Compris ainsi, seuls 23 % des francophones (200 millions sur 870) parlent le français.

Tu m’embrouilles, là !

Je suis bien d’accord. Tout cela est ambigu.  En fonction de la définition choisie, le nombre de francophones et la dimension de la francophonie gonflent et dégonflent.
Pour être opérationnel, ou pourrait considérer, avec le Larousse, que la francophonie est « l’ensemble d’individus et de groupes qui, dans de très nombreux pays, utilisent le français comme véhicule de communication internationale».
Est francophone, tout locuteur de français. Et boileau mémorise ceci : de 200 à 250 millions de personnes parlent le français, à des degrés divers.
Les francophones réellement locuteurs de français représentent donc environ 3 % de la population mondiale. Serrons-nous les uns contre les autres…

D’autres chiffres

Les pays africains membres de l’OIF totalisent plus de 96 millions de locuteurs de français. Ils seraient 24 millions en République démocratique du Congo.
L’Algérie n’est pas comptabilisée, alors que près de la moitié de sa population serait francophone (on cite le chiffre de 18 millions). Décidément, quand on parle du français, il faut avoir l’Afrique en tête.

Selon l’OIF,  le français est la 9° langue la plus parlée de la planète, bien derrière le chinois, l’anglais, l’hindoustani, l’espagnol, le russe, l’arabe, le bengali ou le portugais.

Dans l’Union européenne, le français occupe  la deuxième position comme langue maternelle la plus parlée (16 %) devant l’anglais (10 %) et après l’allemand (23 %). Il y est aussi la deuxième langue étrangère la plus pratiquée (19%), mais loin derrière l’anglais (41%).

Le français et l’anglais sont les deux seules langues parlées sur les cinq continents.
Le français est une des six langues officielles de l’ONU avec le mandarin, l’anglais, l’espagnol, le russe et l’arabe. Avec l’anglais, le français est la langue de travail du Secrétariat de l’ONU.

Cela va être de saison : le français est la langue officielle du Comité international olympique (CIO) et des Jeux olympiques (JO) à l’égal de l’anglais. De plus, En cas de litige, la langue française fait foi. En théorie, du moins.

Nous reviendrons dans de prochains articles sur l’importance du français en Afrique et le nombre d’apprenants du français.

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Sources ou références :

Grand dictionnaire Linguistique & Sciences du langage Editions Larousse, 2007
La francophonie
2008-2010 Rapport du Secrétaire général de la Francophonie
Les francophones dans le monde 

voir aussi, à titre d’information générale, les articles Wikipédia sur la francophonie, la distribution du français dans le monde 

Merci à Françoise R. pour sa relecture exigeante.

Photo © GS / fragment de Crowd of Faces by Manyanga, 60 x 60 cm
Ecole Tingatinga, Tanzanie
Collection privée