Dans la jungle des blogs publiés sur le Web ne survivront que les plus agiles. Les autres – les lourdingues, les empesés – mourront asphyxiés. Par manque de lecteurs.

Bien sûr, le Web induit une lecture à la kangourou. Bien sûr, notre attention est saturée. Et le lecteur, c’est Zorro : il arrive, il est déjà parti. Mais un peu de sens critique, s’il vous plait ! Phraseurs emberlificotés, croyant écrire, nous articlons.

Le lecteur veut du vif, du riche. Et à toute berzingue : sa journée à lui, c’est huit heures de boulot, les embouteillages, les courses, les ados martiens… Alors, vous pensez :  nos articles de cinquante phrases boiteuses, il les zappe. Revoyez un film des années septante. Tiendrez-vous jusqu’au The End ? Scénario trop lent et explicite. Grammaire trop datée. C’est le neuf qui nous équarquille les yeux : caméras virevoltantes, couleurs pâles ou saturées, scénario allusif…
Entre Dallas et 24 heures chrono, Mad Men, révision de style, non ?

Il y a 15 ans, sur le monde de l’écrit, est tombée l’astéroïde Web. Et nous, souvent, nous scribouillons dans nos blogs comme si nous vivions encore à l’ère papier des siècles passés. Et le zapping nous étonne ?

Pardi ! Une nouvelle écriture est à inventer. Une nouvelle écriture, pas une énième mise en page ou graphisme.
Du rock d’aujourd’hui, elle prendra le claquant.
De la cuisine moderne, la légèreté.
Du cinéma, la nervosité. Ou, par exemple, la fantaisie et la vraie séduction d’Almodovar.
De l’écologie, qu’elle retienne le respect des ressources rares : l’attention du lecteur.
Une écriture sans clichés, avec les idées tracées à grands traits de pinceau.

Texte pas lu est lettre morte. La loi de l’évolution est en marche : ne survivront que les blogs travaillés à l’écriture cristalline. Les autres se noient déjà dans leur logorrhée ou s’empalent sur leurs phrases anaconda. Sans un lecteur pour les voir crever : même leur agonie sue l’ennui.

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photo : © eb 
<clic> et la photo est plus belle.