“Health literacy” ou la littératie en santé

Nov 15th, 2013 | Par | Catégorie Notes & notions

Un concept encore méconnu

Dans nos pays,  plus de 45 % de la population lit avec difficulté. Dit autrement, le niveau de littératie de ces personnes est insuffisant. La littératie ? L’OCDE défini la littératie comme l’aptitude à comprendre et à utiliser l’information écrite dans la vie courante, à la maison, au travail et dans la collectivité en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses connaissances et ses capacités.

Ce concept de littératie – d’abord en Amérique du Nord, maintenant en Europe – a été élargi à la santé : Health Literacy ou littératie en santé. Ces termes désignent la capacité d’un individu à trouver, à comprendre et à utiliser l’information santé de base, les options de traitement qui s’offrent à lui et à prendre des décisions éclairées concernant sa propre santé.

écriture designPar exemple, dans ma quotidienne : 
– Est-ce que je sais à qui m’adresser en cas de problème de santé ?
– Est-ce que je comprends les propos et conseils de mon médecin, du pharmacien, de l’infirmière ?
– Les brochures d’information, les notices des médicaments me sont-elles compréhensibles ?
– Ai-je saisi les diverses possibilités de traitement du mal dont je souffre ?
– Perçois-je l’intérêt de la prévention, des examens de contrôle ? Mes enfants sont-ils vaccinés ? Les rappels sont-ils faits ?
– Est-ce que je connais les décisions à prendre pour une meilleure hygiène de vie ? 

Étonnant et alarmant

Il apparaît que de nombreuses personnes répondraient NON à une ou plusieurs de ces questions.
Une étude menée en Europe de 2009 à 2012, dans le cadre du The European Health Literacy Project (HLS-EU) est alarmante :
– plus de 47 % des Européens ont un niveau de littératie en santé inadéquat ou problématique ;
– plus de 27 % éprouvent des difficultés à comprendre la notice accompagnant un médicament ;
– plus de 21 %  ont du mal à décider que faire pour améliorer leur santé.
– …

En Suisse, le coût du niveau inadéquat de littératie en santé s’élèverait à plus de 4 % des dépenses de soins de santé. En projetant ce chiffre sur, par exemple, le système de santé belge, un milliard d’euros serait économisé chaque année si l’ensemble de la population avait une connaissance de base en matière de santé.

Le nombre de lits et de soignants ne font pas à eux seuls un système de santé viable et efficace.  Celui-ci nécessite le renforcement du niveau de la littératie de la population. Ceci afin que les  individus comprennent mieux leur état de santé, soient plus plus responsables – c’est-à-dire soucieux de prévention, respectueux des soins conseillés – et plus autonomes dans la prise en charge de leur santé.

Augmenter le niveau général de la littératie

La hausse du niveau général de la littératie en santé permettrait de diminuer les erreurs de traitement et de comportement. Elle augmenterait la qualité des soins et de la prévention.

Hausser le niveau général de littératie en santé incombe à un ensemble d’acteurs :  le corps médical (médecins, personnel infirmier, pharmaciens, dentistes, etc.), le corps enseignant, les institutions gouvernementales ou non, les médias…
Améliorer les connaissances en santé suppose cependant toute une réflexion sur le mode de communication : clarté et pertinence de l’information, écriture design. Par exemple, dans un écrit  – brochure, article sur le web… – , la structure du texte, son lexique, sa syntaxe et sa présentation sont à adapter à des lecteurs parfois sans culture en santé ou dotés d’un faible niveau faible de littératie en lecture. Et c’est là que le bât blesse : l’Institut national de santé publique au Québec – très en pointe sur la question – affirmait, je ne sais où, que La plupart des écrits en santé sont incompréhensibles pour la majorité des gens. boileau a abordé ce sujet dans des articles d’opinion à propos du journal En Marche et de sites en ophtalmologie.     

Des initiatives afin de développer la littératie en santé 

Le Québec se signale par ses recherches et réalisations à propos de la littératie en santé.
Cela bouge en Europe. Voici, par exemple deux initiatives belges  :

–  Well Done – MSD Health Literacy Awards

Ce prix est organisé par onze partenaires de la santé en Belgique : associations de médecins et de pharmaciens, mutualités, la firme pharmaceutique MSD… (Communiqué de presse ayant suggéré cet article boileau)
Ce prix vise à encourager, reconnaître et récompenser les initiatives qui visent à promouvoir la capacité d’un individu à comprendre les informations dans le domaine de la santé et des soins de santé.
Pour en savoir plus : Wel Done Awards – MSD Health Literacy Awards

 

– le projet Babeliris (2011-2015)

Bruxelles, ville internationale, est une mosaïque de langues et de cultures. Le personnel soignant des hôpitaux publics a des difficultés à s’adresser aux patients allophones.
Babeliris est un projet de recherche dans le domaine de la communication interculturelle en milieu hospitalier. Constatant l’impact de la communication écrite sur l’inégalité sociale en matière de santé, Babeliris a pour objectifs d’identifier les problèmes de communication récurrents et de réfléchir à des stratégies qui permettent d’améliorer celle-ci.
Pour en savoir plus : Babeliris

Et nous voilà de retour au langage, l’écrit et l’oral.

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Pour en savoir davantage concernant la littératie en santé en Europe : The European Health Literacy Project

photo : © eb

 

 

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2 commentaires to ““Health literacy” ou la littératie en santé”

  1. Luis dit :

    A la bonne heure !

  2. docschnauzer dit :

    S’il m’est permis de m’inscrire en faux… Je regrette l’ancien analphabétisme, n’en déplaise aux « illétiratiques » qui y verraient quelque chose analogue à l’analité. L’Ocde ne fait que traduire le terme américain est cela est un signe d’analphabétisme. On est analphabète (pas bête) dans une langue. Les chiffres, je l’espère, ont été ventilés en fonction des langues maternelles. Il y a aussi quelque chose qui passe à la trappe dans cette histoire, c’est la fonctionnalité. C’est la deuxième fois qu’il m’est donné de déplorer cette invasion chez vous.

    Pour le commun des mortels, il ne s’agit pas d’un simple anglicisme, car comme je vis en Amérique je sais que qu’illiteracy n’est pas l’analphabétisme. Vous importez donc un concept : gardez-lui alors son terme d’origine.

    Il serait bon que ce concept qui dérive d’illettré reste inconnu.

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