Le français, juste derrière le télougou, mais devant le mandarin

Avr 20th, 2013 | Par | Catégorie - Francophonie

boileau.proLe français, un poids moyen

Quel est donc, comparé avec les autres langues, le poids du français dans le monde ?
Un poids moyen, dira-t-on. D’accord ! Du moins si le critère est le nombre  d’individus dont le français est la langue première (L1).
Selon ce critère, le français se classe en treizième position, derrière des langues dont boileau ne soupçonnait même pas l’existence : le wu, une langue sinitique, la deuxième langue parlé en Chine, et le télougou, une langue de l’Inde orientale et langue officielle dans l’État d’Andhra Pradesh.
La première place du podium est occupée par le mandarin, suivi par l’anglais. L’espagnol conquiert la troisième place.
Ce classement est établi sur les 563 langues de plus de 500 000 locuteurs. Un article nous apprend aussi que 0,2 % des langues sont parlées par 44,3 % de la population mondiale, 1,2% des langues sont parlées par 38% de la population et 95% des langues sont parlées par 5 % de la population.

Devant l’espagnol, derrière le norvégien

L’évaluation du poids d’une langue est compliqué. Nous pourrions définir d’autres critères que celui de la langue première.

Par exemple, le statut de langue officielle. Le français monte alors en deuxième position. Loin derrière l’anglais avec la moitié des points, mais loin devant l’espagnol, en troisième position.

Prenons un autre critère : l’indice de développement humain, tel que défini par le PNUD  (Programme des Nations Unis pour le Développement) dans son rapport annuel 2011. Voilà alors le français qui glisse en quinzième position. La première place est raflée par le norvégien, que suivent, dans l’ordre, le créole anglais de Hawaï, le groningois et l’anglais.

Le taux de pénétration d’internet ? Le norvégien pavoise encore en première place. Le français, lui, se situe derrière le néerlandais.

Un autre facteur est capital : la véhicularité d’une langue, à savoir le nombre d’individus utilisant une langue comme langue seconde pour toutes les situations de la vie en société. Le norvégien est alors moins fier :  il glisse en 168e position. Le français remonte à la onzième, les trois premières places étant occupées par l’hindi, l’indonésien et le swahili. Notez  que le swalili occupe la 473e position en termes de locuteurs L1.

On pourrait imaginer d’autres critères évaluant le poids d’une langue : sa dispersion, le taux de fécondité des locuteurs, le nombre d’ouvrages traduits en cette langue ou à partir d’elle, le nombre de prix littéraires internationaux, le nombre d’articles écrits dans cette langue sur Wikipédia, …

Un baromètre des langues

Louis-Jean Calvet – linguiste français et professeur d’université – et son frère Alain – statisticien et mathématicien – ont défini un baromètre des langues. C’est celui-ci qui produit les classement donnés ci-dessus. Le baromètre Calvet des langues du monde – plutôt un instrument de pesée – utilise onze critères.
Tous ces critères – dont ceux repris plus haut – sont définis avec soin. Ils exploitent diverses données recensées par des experts ou des institutions internationales.

Dans la version standard du baromètre, chacun de ces onze critères se voit doté du même poids. Le baromètre des langues classe alors l’anglais en première position, suivi de l’espagnol. Le français occupe la troisième place.
Bien sûr, vous pourriez estimer utile de réduire ou d’annuler le poids de tel ou tel critère. N’hésitez pas : le baromètre est un tableur. Il recalculera alors le poids de chaque langue.
C’est plus qu’un jeu. Il peut être, par exemple, intéressant de savoir que l’allemand et le français sont les langues dans lesquelles le plus d’ouvrages sont traduits. Le cas de l’arabe mériterait d’être approfondi.

A manipuler avec précaution

Les auteurs restent prudents : la définition des onze coefficients et le rassemblement des data utiles sont complexes. Les statistiques révèlent des biais et des approximations : le wallon est-il vraiment la langue première de plus d’un million d’individus ?
N’empêche ! On en retiendra que le nombre de locuteurs n’est qu’un facteur parmi d’autres pour évaluer le poids d’une langue. Et que le palmarès est fonction des critères utilisés. Ainsi, boileau ne vous apprend rien en vous signalant que le zarma occupe une prestigieuse première place grâce au taux de fécondité de ses locutrices.

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photo : © The National Archives UK INF 10-354-14
Trinidad and Tobago Air hostesses on British West Indian Airways 1955

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